Tribal Football

12 juin 1984 : France-Danemark, 1re apparition de Michael Laudrup dans un grand tournoi

François Miguel Boudet
Michael Laudrup
Michael LaudrupProfimedia
Demi-finaliste (très) malheureux de la Coupe du monde en Espagne deux ans auparavant, l'Equipe de France débute "son" Euro à domicile le 12 juin 1984 au Parc des Princes contre le Danemark. Si le match offre un spectacle aléatoire en dépit d'un but providentiel de Michel Platini en fin de match (1-0), cette mise en jambes a été l'occasion de voir débuter dans un grand tournoi un certain Michael Laudrup.

"Il faut que les Français entrent dans le vif du sujet car, dans ces deux poules de quatre équipes chacune, tous les matches auront bien évidemment leur importance mais surtout le premier car il va conditionner la suite de la compétition". Ainsi parlait feu Thierry Roland à quelques secondes du coup de ce France-Danemark inaugural de l'Euro 84 disputé à domicile. 

Advertisement
Advertisement

Quand le tournoi était à 4, l'Espagne en 1964 puis l'Italie en 1968 l'avaient emporté. Cela fait désormais trois éditions consécutives que l'amphitryon ne remporte pas le tournoi et si, désormais, 8 équipes sont aux prises avec une phase de groupes depuis 1980, la difficulté n'est pas minorée. 

Simonsen, éphémère mentor

La preuve : pour disputer cet Euro, les Danois ont éliminé l'Angleterre à Wembley, grâce à un penalty d'Allan Simonsen, couronné Ballon d'Or en 1977. Pour l'ancien joueur du Borussia Mönchengladbach et du Barça revenu dans son club formateur de Velje pour finir sa grande carrière. Le monument de bientôt 32 ans est secondé par Frank Arnesen (27 ans), Jesper Olsen (23 ans) et surtout un certain Michael Laudrup, 19 ans, prêté à la Lazio par la Juventus

Élu meilleur joueur du championnat danois en 1982 avant même d'être majeur, il devient international le 15 juin, le jour de son 18e anniversaire. Ainsi, le voir titulaire avec la Danish Dynamite n'est pas une surprise, même si la Lazio est promue en 1982 après deux saisons passées en Serie B. Pour une première expérience à l'étranger, Laudrup essuie les plâtres et, globalement, l'air espagnol lui fera bien plus de bien que ses 6 ans en Italie. 

Michael Laudrup devance Jos
Michael Laudrup devance JosProfimedia

A priori, l'alliage de l'expérience, représentée par Simonsen, et la jeunesse, incarnée par "Il Violino", permet au Danemark, de retour à l'Euro pour la première fois depuis 1964 et absente de la Coupe du monde 1982, d'envisager a minima une demi-finale. Malheurseuement pour les Scandinaves, Simonsen se casse le tibia après un contact avec Yvon Le Roux juste avant la pause. L'ancien buteur recyclé en meneur de jeu retire une sacrée dose de technique à son équipe. 

Car finalement c'est Laudrup qui incarne la touche artistique, "quelques éclairs d'exubérance" qu'il partage avec son aîné pour reprendre les termes de Dominique Pagnoud dans son compte-rendu du match pour Le Figaro. Même s'il n'en est qu'au début de sa carrière et qu'il est encore perfectible, "les Danois continuaient à faire jeu égal avec les Français après la mi-temps. Ils pouvaient même prétendre à un petit but d'avance quand Laudrup, coupable d'un excès d’individualisme, oublia sur sa droite Larsen posté à quelques mètres de Bats"

Pour son premier match dans un grand tournoi, Laudrup a été proche de changer le cours du match et, peut-être, le destin doré des Bleus. À la 70e minute, il trouve Preben Elkjaer-Larsen qui, sans une déviation opportune de Jean-François Domergue, aurait probablement cadré et forcé Joël Bats à une sacrée parade pour sortir le ballon. C'est à nouveau sur une des ses initiatives que Jens Jørn Bertelsen s'est retrouvé dans la surface avant de... rouler sur le ballon (81e). Jusqu'à la 87e minute et l'expulsion tout à fait évitable de Manuel Amoros, coupable d'un coup de tête sur Olsen après un tacle rugueux du joueur de l'Ajax, le Monégasque et le totem Max Bossis ont enserré Laudrup, l'empêchant de combiner autant que possible et de dicter le tempo. Un travail de l'ombre que ne parviendront pas à réaliser la Yougoslavie, punie 5-0, puis la Belgique, battue 3-2.

Sans un tir au but manqué contre l'Espagne par Elkjær-Larsen (qui finira deuxième du Ballon d'Or en 1985 derrière un certain Michel Platini), la Danish Dynamite aurait retrouvé les Bleus en finale, toujours au Parc des Princes. Mais il était écrit que le triomphe du Danemark attendrait 1992... sans le plus grand joueur de son histoire.